Cortisone et greffe de rein : en 2017, en prendre ou pas ?
Depuis des années, la question se pose de la nécessité ou non de la cortisone au long cours après une greffe de rein.
Souvent redoutée par les patient-e-s, la cortisone a en effet de nombreux effets indésirables, notamment à long terme : elle augmente les risques de prise de poids, d’ostéoporose, d’infections, de diabète, cardio-vasculaire, de glaucome et catacte, de fragilisation des muscles, d’insomnies, de troubles de l’humeur, etc.
Les recommandations internationales précaunisent depuis 2010 un arrêt de la cortisone chez les patients « à faible risque » au cours de la première année après la greffe.
En pratique, les stratégies des équipes françaises sont très diverses, certaines maintenant « à vie » une dose journalière de cortisone, d’autres tentant chaque fois que c’est possible de l’arrêter.
Une étude récente, baptisée HARMONY et réalisée en Allemagne, pourrait bien faire évoluer les pratiques. Elle a consisté à comparer deux populations de patient-e-s greffé-e-s du rein (615, issus de 21 centres, en tout), à faible risque immunologique, prenant tou-te-s du mycophénolate (cellcept), du tacrolimus (prograf) et de la cortisone.
Pour la moitié des patient-e-s, la cortisone a été arrêtée 8 jours après la greffe, tandis que pour les autres, elle a été poursuivie.
Un an après la greffe :
– L’arrêt de la cortisone n’a pas provoqué d’augmentation des rejets aigus et n’a pas eu d’impact sur la survie des greffons.
– moins d’un quart des patient-e-s qui avaient arrêté la cortisone avaient développé un diabète, tandis que ce taux atteignait près de 40% chez ceux qui continuaient à en prendre.
Si quelques années de suivi seront encore nécessaires pour montrer l’évolution à long terme, sur les complications cardio-vasculaire par exemple, ou encore sur la survenue de rejets chroniques, cette étude semble bien montrer qu’il existe des avantages à arrêter la cortisone après la greffe chez les patients à faible risque immunologique.